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Une autre réflexion

Dans le silence se déchainent les passions. C’était une phrase en laquelle je croyais fermement. Le silence entrainait l’observation, le développement de tous les sens à la fois : nous écoutions le monde autour, nous sentions les effluves de la ville, de ses déambulations, nous posions notre regard sur chaque élément afin qu’il nous apparaisse totalement nu, nous touchions le monde du bout des doigts, à effleurer avec une certaine sensibilité ses composants et l’environnement et nous goûtions à ses plaisirs, ses tourments. Seule la parole nous était enlevée, ne serait-ce que le temps d’un regard, la bouche close, les yeux grands ouverts, nous apprenions à découvrir le monde d’une manière inédite. La beauté de la vie dissimulée sous les fléaux du quotidien. Rien ne me paraissait plus concret que l’association évidente du bonheur et du malheur. On ne peut prétendre à vivre une vie sans encombre, sans obstacle, car comment connaître et affronter la difficulté si elle n’existe pas ? Comment ressentir cette joie, si rien ne nous permet de comparer ce moment-ci à une tragédie ? J’aimais la ville pour un tas de raisons, le bruit constant des paroles, des voitures, des groupes de rues, des rires en terrasses, ou peut-être était-ce le temps qui ne cessait d’ajouter du charme à la ville, lorsque d’un ciel ensoleillé, nous passions à une pluie diluvienne, observant tous ces gens se ruer dans les cafés, et les portes claquer, laissant passer dans l’entrebâillement des voix exaspérées suppliant presque dans un brouhaha incessant « un expresso s’il-vous-plaît! ».