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Un Songe

Parfois, le songe nous réveillait. Il prenait vie en nous, comme la flamme éclaire la pièce, d’un éclat progressif, libérant en nous toutes ces peurs, les non-dits, les omissions, et les secrets, ceux que l’on oublie presque de faire remonter dans l’infinie archive de l’esprit, laissons à Hadès ce qui est sien. On semblait alors possédé par la vivacité de ces émotions, des effluves d’un bouquet maladroitement assemblé toutefois très charmant, le souffle dans notre nuque lors d’une accolade qui n’a pas de fin, souvent le matin, alors que le soleil reprend ses droits sur le mystère de la nuit, et affiche la vérité sur les passions innocentes et les flâneries interdites, en bord de canaux, desquels on se voyait plonger et rejoindre les personnalités extravagantes qui avaient sûrement dû nager les premiers dans ces eaux sans fond, ses eaux pleines d’histoires qui, à l’image de fantasmes, chantaient notre nom, révélaient cette partie de nous dominée par Sagesse, frayant un chemin vers tous ces excès, scandaleusement bannis et pourtant à jamais admirés.